Discours de son Excellence le Professeur Faustin Archange Touadera, Président de la République, chef de l’État à l’occasion de la cérémonie d’inauguration des activités conjointes du système des Nations Unies

14 Octobre 2024
Monsieur le Président de l’Assemblée Nationale ;
Monsieur le Premier Ministre, Chef du Gouvernement ;
Mesdames et Messieurs les Présidents des Institutions de la République ;
Monsieur le Ministre Résident de l’Ouham ;
Mesdames et Messieurs les Membres du Gouvernement ;
Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs, Chefs des Missions diplomatiques ;
Monsieur l’Ambassadeur, Chef de la Délégation de l’Union Européenne ;
Madame la Représentante Spéciale du Secrétaire Général des Nations Unie, Chef de la MINUSCA ;
Monsieur le Coordonnateur-Résident du Système des Nations Unies ;
Monsieur le Représentant-Résident du Programme des Nations Unies pour le Développement ;
Mesdames et Messieurs les Chefs des Agences du Système des Nations-Unies ;
Monsieur le Directeur-pays de la BAD ;
Monsieur le Chef de Délégation de l’Ambassade du Japon ;
Monsieur le Chef de Délégation de l’Agence Coréenne de Coopération Internationale (KOICA) ;
Mesdames et Messieurs les membres des Cabinets de la Présidence, de l’Assemblée Nationale et de la Primature ;
Mesdames et Messieurs les Députés ;
Monsieur le Gouverneur de la Région de Yadé, Préfet de l’Ouham ;
Messieurs les Préfets ;
Mesdames et Messieurs les Sous-Préfets ;
Mesdames et Messieurs les Présidents des Délégations Spéciales des Villes de Bossangoa, Nana-Bakassa, Nanga-Boguila, Markounda, Bouca, Batangafo et Kabo;
Vaillante Population de Bossangoa ;
Mesdames et Messieurs ;
Je suis très heureux de revenir aujourd’hui à Bossangoa, parmi vous et je voudrais vous remercier du fond du cœur pour l’accueil chaleureux que vous m’avez réservé ainsi qu’à ma suite.
Merci du fond du cœur à vous femmes, jeunes, élèves, fonctionnaires, agents de l’État, forces de défense et de sécurité, ainsi qu’à toutes les délégations venues des Sous-préfectures de Nana-Bakassa, Nangha-Boguila, Markounda et celles arrivées de la Préfecture de l’Ouham-Fafa.
Ma profonde gratitude à toutes et à tous pour la mobilisation et l’accueil chaleureux, exemplaires et patriotiques que j’ai pu observer depuis l’aérodrome jusqu’en ce lieu où nous sommes réunis ce matin.
Je suis ici à Bossangoa, avec les amis de la République Centrafricaine, qui ont accepté de faire ce déplacement parce qu’ils veulent être les témoins de cette transformation en cours dans resplendissante Ville de Bossangoa, affectueusement dénommée aussi « Boston City ».
Qu’il me soit tout d’abord permis de citer ces amis de notre pays auxquels je fais allusion. Et je vous prie de les saluer très chaleureusement.
Il s’agit notamment des personnalités ci-après :
l’Ambassadeur, Haut Représentant de la France ;
l’Ambassadeur de Norvège ;
l’Ambassadeur, Chef de la Délégation de l’Union Européenne;
le Représentant de l’Ambassadeur du Japon ;
le Représentant de la Corée du Sud, ici présent au nom de l’Agence coréenne de coopération internationale ;
le Directeur-Pays de la BAD,
la MINUSCA et tous les chefs des Agences du Système des Nations Unies ;
Tous ces amis de notre cher et beau pays en partage sont les plus fidèles et les plus engagés à nos côtés, dans les actions menées par le Gouvernement pour améliorer les conditions de vie de la population sur toute l’étendue du territoire en général, et en particulier ici à Bossangoa et dans la Région du Yadé.
Aujourd’hui, nous célébrons ensemble, un moment historique pour la ville de Bossangoa et pour toute la Région du Yadé.
Il s’agit d’un moment d’unité autour des activités réalisées conjointement par le Gouvernement et le Système des Nations Unies, dans le cadre du Programme de Stabilisation qui, comme vous le savez, est un programme prioritaire pour le Gouvernement et mis en œuvre par le PNUD.
Par cette mobilisation grandiose, la population de l’Ouham a prouvé aux yeux du monde son hospitalité légendaire ainsi que sa résilience à surmonter les difficultés et les désinformations pour participer massivement à la cérémonie d’inauguration des activités conjointes du système des Nations Unies réalisées ici à Bossangoa.
Je félicite les autorités administratives, judiciaires, militaires municipales et religieuses locales ainsi que les Sages de l’Ouham, pour leurs précieuses contributions au retour de la paix, de la sécurité et du vivre ensemble.
Je remercie et félicite plus particulièrement le Président de la Délégation Spéciale de la Ville de Bossangoa pour ses mots aimables et le rassure que les doléances de la population qu’il vient d’exposer sont légitimes et seront examinées avec bienveillance par le Gouvernement.
Mes Chers Compatriotes,
Vous êtes sans ignorer que la sécurité pour l’ensemble de la population centrafricaine est une condition essentielle pour la paix et le développement.
C’est pourquoi, dès mon accession à la Magistrature suprême de notre pays, le30 mars 2016, j’ai fait de la restauration de la sécurité sur toute l’étendue du territoire une de mes priorités.
Dans ce domaine, des avancées tangibles ont été enregistrées, notamment grâce aux réformes et actions menées pour accroître significativement les capacités de nos Forces de Défense et de Sécurité.
Il convient également de souligner les résultats satisfaisants de la mise en œuvre du programme DDRR, de l’APPR-RCA et de la feuille de route conjointe de Luanda.
Toutefois, je reste déterminé à poursuivre ma politique de « main tendue » en vue de ramener dans la République les fils et filles du pays encore égarés, afin que nous puissions conjuguer ensemble nos efforts pour le développement de notre pays ; car, sans le développement, sans une réponse tangible aux besoins de l’ensemble de la population centrafricaine, il ne peut y avoir de paix durable.
Sur le registre des actions à engager en faveur du relèvement de notre pays, figure le Programme de stabilisation que le Gouvernement a lancé en février 2023, à Sam Ouandja.
Je voudrais rappeler que ce programme joue un rôle moteur de préparation par le renforcement de la présence et de l’autorité de l’État, l’amélioration des conditions de vie de nos concitoyens, le vivre-ensemble et la cohésion nationale, afin de favoriser l’amorce d’un développement pour lequel le Gouvernement dispose désormais d’un Plan, le Plan National de Développement (PND 2024-2028).
C’est donc dans le cadre de la mise en œuvre de ce programme que nous nous retrouvons aujourd’hui ici à Bossangoa, pour procéder à l’inauguration de certaines infrastructures socio-économiques de base.
A travers ces inaugurations et le lancement de nouveaux projets dans la ville de Bossangoa, nous renforçons ainsi la présence et l’autorité de l’Etat, la sécurité, la justice, l’accès aux services essentiels pour la population et la revitalisation de l’économie locale.
Le soutien aux agriculteurs, aux commerçants, aux artisans qui sont pour moi une priorité, entre également dans cette trajectoire de la dynamisation de l’économie locale, qui est la clé pour sortir de la pauvreté et bâtir une société résiliente.
Ces inaugurations matérialisent aussi le renforcement de la cohésion sociale et la consolidation de la paix ; car la paix se construit non seulement par des actions politiques, mais aussi par un dialogue à la base entre les Centrafricains, dans les quartiers et les villages et au sein de nos familles et communautés pour prévenir les conflits et régler les différends de manière pacifique, sans recourir aux armes qui n’ont que retardé le développement de notre pays.
Je suis fier de constater que des efforts remarquables sont faits ici, à Bossangoa et dans toute la Région du Yadé pour promouvoir la cohésion sociale, la réconciliation et le vivre ensemble entre des communautés autrefois divisées par la violence.
Le retour des Centrafricains, qui étaient hier réfugiés au Cameroun, au Tchad et ailleurs, est une manifestation de cette réussite des efforts conjoints de consolidation de la paix.
Mes Chers Compatriotes ;
Mesdames et Messieurs,
J’ai suivi avec une attention particulière les préoccupations des populations présentées par le Président de la Délégation Spéciale de la Ville de Bossangoa, au nom de toute la population de l’Ouham.
Le Gouvernement sera instruit de prendre les dispositions idoines, en partenariat avec nos amis ici réunis, pour y apporter des solutions concrètes.
D’ores et déjà, je puis vous dire que l’un des moments forts de cette cérémonie sera le lancement du projet de modernisation de l’Etat civil et des services judiciaires, couvrant la Mairie et le Tribunal de Grande Instance de Bossangoa.
Comme nous pouvons le constater, la Mairie de Bossangoa est complètement abimée et quasiment en ruine pour des raisons que nous connaissons tous : les violences récurrentes, la destruction des édifices publics qui sont pourtant nos biens les plus précieux.
La Mairie et le Tribunal de Grande Instance de Bossangoa disposeront, dans le cadre de ce projet financé par l’Union Européenne, de toutes les capacités requises pour délivrer des services d’état civil et les services judiciaires à la population de l’Ouham.
La mise en œuvre de ce projet permettra à chaque Centrafricain de s’identifier, de participer pleinement à la vie de la nation et d’avoir accès aux services publics essentiels.
Par cette modernisation des services d’état civil, nous renforçons les fondations d’une société équitable et inclusive en élargissant l’accès à l’éducation de nos enfants.
Dans le domaine de la santé maternelle, le soutien du Système des Nations Unies à travers la construction en cours d’une maternité permettra d’améliorer de manière significative les conditions d’accouchement, la santé maternelle et infantile, en réponse au défi de l’accès des femmes enceintes aux soins de qualité, dans les zones rurales comme l’Ouham.
Cette amélioration des services obstétricaux réduira les décès maternels, permettant ainsi à chaque femme d’assurer un avenir à chaque enfant.
Par ailleurs, nous avons en cours, la réalisation des projets de construction de trois maternités à Nana-Bakassa, Boguila et Markounda, la construction de deux blocs opératoires à Nana-Bakassa et Boguila ainsi que du bureau du District sanitaire.
En outre, nous avons le projet de construction de l’Ecole Régionale de la Santé à Bossangoa pour la formation des Infirmiers, Sages-femmes et autres personnels de la Santé.
Comme vous le savez, nous avons renforcé la capacité du District sanitaire par des ressources humaines, en envoyant un Médecin pédiatre, deux spécialistes de santé publique, trois médecins généralistes, 22 Infirmiers diplômés d’Etat de Médecins Sans Frontières, 5 Sages-femmes, 9 Assistantes accoucheuses et 16 Assistants de Santé.
Tous ces Centres de Santé sont d’ores et déjà dotés d’ambulances médicalisées, de véhicules, de camions frigorifiques de dépôt de la chaîne de froid et d’équipements divers par le Gouvernement.
Mes Chers Compatriotes de l’Ouham ;
Je suis heureux de vous annoncer le lancement prochain des travaux de réhabilitation de la route Bossangoa-Bossembelé.
Comme vous l’avez constaté, ce tronçon est fortement dégradé et le lancement des travaux de réhabilitation sera le signal de notre volonté commune d’améliorer l’accès par voie routière, vitale pour l’économie locale et l’ensemble de la population, en attendant le lancement prochain des travaux de bitumage du Corridor CD-14 financé par la BAD.
L’amélioration de l’accès dans la Préfecture de l’Ouham et en direction de la Capitale Bangui facilitera les échanges dans cette Préfecture qui constitue un des greniers de notre pays et élargira les opportunités économiques nécessaires à l’amélioration des conditions de vie de chaque Centrafricain.
Je dois vous assurer que mon engagement pour la relance de la culture du coton qui a fait de l’Ouham et de l’Ouham-Pende les greniers de notre pays ne s’est pas affaibli.
En dépit des difficultés, nous avons payé les arriérés de coton de 2020-2021 ; 2021-2022.
Nous recherchons des financements pour payer les reliquats en vue de renforcer la résilience de la population de la population.
Nous recherchons également la nouvelle variété de semence de coton pour améliorer la production.
Chers Partenaires ;
Mesdames et Messieurs ;
Au regard de toutes ces réalisations et des projets qui seront officiellement lancés aujourd’hui, je voudrais exprimer ma gratitude et celle de tout le peuple centrafricain à l’ensemble du Système des Nations Unies et à tous les amis de la République Centrafricaine ici présents.
Je tiens à remercier particulièrement l’Union Européenne qui appuie la République Centrafricaine dans plusieurs domaines prioritaires de ma politique en faveur de la population et dont la contribution au programme de stabilisation soutiendra les efforts du Gouvernement à relever le défi de l’identité juridique et de l’accès de la population à l’état civil, en priorité les enfants d’âge scolaire.
J’apprécie la qualité du partenariat et l’engagement de la BAD, du Gouvernement du Japon et du Gouvernement de la Corée pour leurs soutiens aux activités de stabilisation dans les zones frontalières de la République Centrafricaine qui constituent des espaces de fragilité sécuritaire et économique.
Madame la Représentante Spéciale du Secrétaire Général des Nations Unies, Cheffe de la MINUSCA ;
Monsieur l’Ambassadeur, Chef de la Délégation de l’Union Européenne ;
Monsieur le Directeur-Pays de la BAD ;
Chers partenaires du Japon et de la Corée ;
Mesdames et Messieurs les Chefs d’Agences et Représentants des organisations internationales ;
Ensemble, nous sommes en train de construire doucement mais surement la paix en République Centrafricaine !
Vos réalisations conjointes à Bossangoa le témoignent de manière éloquente.
Mais ensemble, nous devons aller plus loin car les populations des autres Sous-préfectures de l’Ouham, celles des Préfectures de l’Ouham-Fafa, de l’Ouham-Pendé et de Lim-Pendé nous attendent pour ces mêmes réalisations.
Ne laissons personne de côté !
C’est pourquoi, je vous exhorte à vous mobiliser aux côtés du Gouvernement et porter nos efforts vers toutes ces zones non couvertes, par des appuis multiformes et complémentaires à travers le Programme de stabilisation porté par le PNUD, à la demande du Gouvernement, pour que la mise à l’échelle de vos appuis conjoints dans toutes les zones cibles du programme complètent les efforts du Gouvernement et prépare le terrain à la mise en œuvre du Plan National de Développement.
Partout, les Centrafricains aspirent à un avenir de paix, de stabilité, et de prospérité.
C’est pourquoi, je réitère mon appel solennel aux éléments résiduels des groupes armés égarés çà et là, pour un retour dans la République.
À cet effet, en ma qualité de Père de la Nation, Président de tous les Centrafricains, mes mains paternelles restent ouvertes à tous ceux et toutes celles qui veulent saisir les opportunités des dividendes de la paix et réintégrer la République.
Ne suivez plus les vendeurs d’illusions qui vous demandent de rester dans la brousse, tandis que vos enfants et femmes souffrent énormément du manque de votre affection, de l’éducation et n’ont plus d’avenir.
La levée totale de l’embargo sur les armes par le Conseil de Sécurité des Nations Unies est pour moi un soutien de la communauté internationale à consolider la paix en prenant toutes les mesures pour la cessation des violences sur l’ensemble du territoire.
A la vaillante population de Bossangoa, particulièrement les jeunes ;
J’en appelle à votre sens de responsabilité pour que toutes ces réalisations: marché de Borro, bâtiment administratif, centre d’alphabétisation, maternité et Maison de la Paix soient entretenues et préservées.
Ces infrastructures sont les vôtres !
Ne les détruisez pas !
Ne les abimez pas !
Veillez sur leur entretien et leur pérennisation !
Vous devez les préserver pour vous-mêmes et pour vos enfants car les financements des partenaires, des amis de notre pays se font de plus en plus rares, en raison de la multiplication des foyers de conflits armés et de catastrophes naturelles partout dans le monde.
Nos amis et partenaires, qui sont ici parmi nous, sont les mêmes qui soutiennent d’autres pays confrontés aux mêmes défis que notre pays.
Avant de terminer mon propos, je voudrais vous annoncer que je reviendrai ici, à Bossangoa, dans les prochains mois pour d’autres inaugurations et, comme vous le savez, l’Institut construit pour la formation des jeunes par le Gouvernement, à Katanga attend d’être inauguré.
De même, le lancement officiel du corridor 14, cette longue route bitumée, qui ira du Congo jusqu’au Tchad et qui passera par Bossangoa-Nana-Bakassa et Boguila, se fera ici à Bossangoa.
Enfin, nous procéderons ensemble à la réouverture de la Mairie de Bossangoa et du Tribunal de Grande Instance rénovés et équipés.
Mes Chers Compatriotes, fils et filles de l’Ouham et de la Région du Yadé,
Ensemble, restons mobilisés, poursuivons nos efforts et continuons d’avancer sur ce chemin de la paix et du développement.
En terminant, je vous exhorte à aller massivement vous enrôler sur le fichier électoral en vue des échéances électorales locales à venir.
Ces élections locales constituent pour nous un pas important vers le processus de décentralisation de notre pays et de la démocratie à la base.
Ainsi que je l’ai affirmé en d’autres circonstances, ces élections tant attendues, nous les voulons inclusives, transparentes, démocratiques et apaisées.
J’exhorte tous les fils et filles de l’Ouham et plus généralement de la République Centrafricaine à se mobiliser pour la réussite de ces élections, jamais organisées depuis bientôt 40 ans qui permettront de renforcer l’ancrage démocratique de notre pays en faisant participer tous les citoyens à la vie politique et sociale.
Je ne doute point de votre capacité à relever cet autre défi majeur car vous avez déjà démontré, lors du référendum constitutionnel du 30 juillet 2023, que nous étions capables de nous prendre en charge ; que notre maturité politique ne souffrait d’aucun doute.
Je vous réitère tous mes remerciements pour votre mobilisation et votre accueil très chaleureux.
Vive la République Centrafricaine !
Vive la paix et la solidarité internationale !
Je vous remercie.