Mesdames et Messieurs;
Je suis particulièrement heureux de vous accueillir ici, à l’occasion de la célébration de la Journée mondiale de la santé, édition 2023, couplée avec le 75ème anniversaire de l’Organisation Mondiale de la Santé, OMS. Le thème retenu pour cette journée, à savoir “75 ans d’amélioration de la santé publique» confère à celle-ci une portée exceptionnelle, étant donné le rôle vital joué par l’OMS pendant cette période pour promouvoir, maintenir et protéger la santé de toute l’humanité, en dépit des défis géopolitiques et géostratégiques qui ont parfois mis en péril sa viabilité et sa crédibilité. C’est donc avec un triple sentiment d’immense fierté, d’insigne honneur et d’agréable devoir que je préside cet évènement de grande portée historique et stratégique. L’OMS, vous le savez, est l’une de nos plus grandes institutions internationales ayant un impact sur la vie de l’humanité, grâce à son attachement aux valeurs et idéaux qui sont à la base de sa création, à savoir :• la santé de tous les peuples est une condition fondamentale de la paix du monde et la sécurité, elle dépend de la coopération la plus étroite des individus et des Etats;• l’inégalité des divers pays en ce qui concerne l’amélioration de la santé et de la lutte contre les maladies, en particulier les maladies transmissibles, est un péril pour tous;• les résultats atteints par chaque Etat dans l’amélioration et la protection de la santé sont précieux pour tous. Ces idéaux demeurent aujourd’hui, plus que jamais, la boussole de notre Organisation commune et en font un bien public qui contribue au maintien de l’équilibre de notre monde. Ainsi, au fil des années, l’OMS, en collaboration avec les Etats membres, dont la République Centrafricaine, a relevé de nombreux défis, afin que les gens naissent, grandissent, travaillent, vivent et vieillissent en bonne santé. La prévention et le contrôle de la propagation des pandémies et autres urgences de santé publique de portée internationale ont été à mon avis l’un des grands succès de l’OMS marqué par l’éradication de la variole en 1980 et le contrôle de plusieurs endémo-épidémies telles que la lèpre, la poliomyélite sauvage, le VIH/SIDA et la pandémie a COVID-19. La République Centrafricaine a été certifiée libre de poliomyélite sauvage en 2020, la pandémie à Covid-19 est en voie d’être maîtrisée. Grace à l’appui de l’OMS, la République Centrafricaine est engagée dans la prévention et la lutte contre les épidémies de rougeole, choléra, fièvre jaune, Ebola et Monkey Pox. Nous devons cette robustesse de l’OMS à la vision, au génie et à la détermination de ses dirigeants, hommes et femmes de grande valeur, qui ont eu la charge de la noble mission de cette Organisation, car ils ont su répondre aux défis de la santé mondiale pendant leurs mandats respectifs. Je tiens ici à leur rendre u vibrant hommage.- Distingués invités;
– Mesdames et Messieurs;
L’OMS se trouve à un carrefour des temps d’une complexité sans précédent fait de progrès extraordinaires, d’opportunités illimitées mais aussi de défis voire de menaces, en l’occurrence, des maladies émergentes et réémergences survenant dans un contexte marqué par des tensions géopolitiques et géostratégiques qui aggravent le manque d’équité et l’inégalité dans l’accès aux services sociaux, y compris ceux liés à la santé. Notre expérience en matière de gestionde la pandémie de COVID-19 en est une parfaite illustration. Fort heureusement, sous le leadership du DR Tedros, notre organisation a su transformer la crise mondiale en opportunité pour renforcer la solidarité mondiale en faveur de la sécurité sanitaire internationale, en mettant en place de nouveaux mécanismes et outils tels que l’examen de santé et de préparation aux urgences de santé publique dont le pays a l’honneur d’être le premier pilote et la référence mondiale.En cette occasion solennelle, mon pays se joint aux autres nations du monde pour réaffirmer notre engagement et notre soutien indéfectibles à l’OMS dans sa noble et délicate mission et s’engage à renforcer et accélérer la mise en œuvre des politiques et stratégies mondiales et régionales de l’OMS. A cet égard, la journée mondiale doit servir àrappeler les considérations fondamentales qui guident l’action sanitaire mondiale au premier plan desquels la définition de la santé. Je cite ” la santé est un complet état de bien-être physique, mentale et social qui ne consiste pas seulement en l’absence de maladie ou d’infirmité”, fin de citation. Ce rappel me paraît opportun et impératif, au regard de la plus grande tendance actuelle de notre comportement de santé dominée par l’approche curative au mépris de la prévention et de la promotion de la santé. L’une des plus grandes leçons tiréesde la pandémie à Covid-19 est que «prévenir vaut mieux que guérir». C’est à cette fin que j’ai édicté les dix domaines d’impulsion présidentielle pour l’accélération vers la couverture sanitaire universelle d’ici 2030 et lancé la campagne nationale de salubrité et d’assainissement sur toute l’étendue du territoire en responsabilisant les communautés. Cette dynamique sera renforcée sous peu par la mise en œuvre d’une vaste mobilisation nationale axée sur la promotion des soins de santé primaire et l’engagement communautaire pour la santé et le bien- êtredont la politique vient d’être adoptée par le Conseil des Ministres. J’instruis le Ministre de la Santé et de la Population d’accélérer la mise en œuvre de cette politique.• Distingués invités, • Mesdames et Messieurs, Cette célébration m’offre l’occasion de rappeler que depuis mon accession à la Magistrature suprême de l’Etat, j’ai placé la santé de la population au centre de ma politique. Soucieux de bâtir une République Centrafricaine plus prospère en permettant à tous ses citoyens de jouir d’un parfait état de santé et de bien-être, j’ai ainsi fait de la santé un investissement et non une dépense.Dans cette dynamique, la République Centrafricaine, avec l’appui des partenaires techniques y compris l’OMS, a réalisé des avancées significatives, au nombre desquelles: – l’éradication de la variole en 1980 et la certification de la République Centrafricaine pays libre du virus sauvage la poliomyélite en 2020.- L’admission au titre de pays libre du Ver de Guinée en 2008, l’amélioration de la disponibilité des services dont l’indice est passé de 33,7% à 67,1% entre 2016 et 2022.La République Centrafricaine a pu faire face aux épidémies de choléra, de rougeole, de fièvre jaune, du Monkey-pox en évitant des risquesimportants pour la sécurité sanitaire internationale. La pandémie à COVID-19 qui a entraîné des conséquences socio-économiques ces trois dernières années est en voie d’être maîtrisée. Le nombre total de cas confirmésa connu une baisse significative passant de 5.844 en 2020 à 4.123 en 2021 et à 2.715 en 2022. Cette diminution est consécutive à la vaccination contre leCOVID-19 introduite en 2021 avec un total de 2.339. 397 personnes vaccinées soit 64% de la population cible.Une nette amélioration de couverture vaccinale a été enregistrée pour le vaccin pentavalent passant de moins de 50% en 2017 à plus de 90% en 2022.Notre pays a conduit avec succès et comme pays pilote le premier exercice de l’Examen Universel de Santé et de préparation (UHPR) au niveau mondial, devant ainsi la référence en la matière.En conséquence, l’appui international au secteur de la santé est en constante augmentation, en l’occurrencedans le secteur de la préparation et de la riposte aux urgences. Selon les rapports les plus récents des Nations Unies, nous avons enclenché un déclin des taux de mortalité maternelle et infantile. Le taux de mortalité maternelle est passé de 882 décès maternels pour 100000 naissances vivantes à 829 décès maternels pour 100000 naissances vivantes en 2017.Le taux de la mortalité infantile a connu une baisse de 77,5 à 65 décès infantiles pour 1000 nouveaux nés. La pandémie du SIDA est en nette régression passant de 4,9% de prévalence en 2019 à 2,5% en 2022, chez les personnes de 15 à 49 ans.Un plan national de développement sanitaire de troisième génération 2022-2026 a été élaboré avec un coût total de plus de 1600 milliards de FCFA.J’ai bon espoir que la mise en œuvre de ce plan permettra de consolider cette tendance positive et de permettre à la République Centrafricaine de répondre au rendez-vous de la couverture santé universelle en 2030 avec comme fer de lance l’engagement communautaire.Dans cette perspective, il m’est opportun de formuler à l’attention de l’OMS les vœux ci-après :
– améliorer l’efficacité des investissements sanitaires: la vulnérabilité de notre pays a suscité la solidarité mondiale à travers des appuis multiformes souvent, pas bien alignés sur les priorités du Gouvernement. L’OMS en tant que chef de file du secteur santé, pourrait faciliter la coordination et l’alignement de tous les partenaires sur le plan national de développement sanitaire de 3ème génération.Rendre le système de santé robuste et résilient: nous vivons tous dans un monde interconnecté où les urgences sanitaires sont en général imprévisibles. La vulnérabilité d’un pays affecte nécessairement celle des autres. La pandémie à COVID-19 a mis à nu les faiblesses de nos systèmes de santé et la nécessité d’une solidarité sanitaire mondiale. Par ailleurs, elle a exacerbé les vulnérabilités des populations et de l’économie centrafricaine déjà fragilisée sous l’effet de plusieurs décennies de crises militaro-politiques.Ces situations de crise peuvent être atténuées à l’aide d’interventions de santé efficaces dans un système de santé robuste et résilient. Il est donc important pour l’OMS d’apporter des appuis nécessaires aux fins de renforcer davantage notre système de santé pour le rendre capable de résister, de répondre, de s’adapter et de se remettre des effets des urgences sanitaires de manière rapide et efficace. Rendre disponibles les Ressources humaines qualifiées: les comptes nationaux des personnels de santé réalisés en 2022 ont permis de relever une densité moyenne de 6,03 agents de santé pour 10.000 habitants, contre 23 recommandés par l’OMS pour assurer une bonne couverture sanitaire universelle. Le Gouvernement poursuit les efforts d’intégration du personnel. La production des ressources humaines qualifiées reste un défi qui peut être levé grâce au renforcement de l’appui technique de l’OMS auprès des institutions de formation du personnel médical et paramédical. De nos jours, avec les changements de nos modes de vie, nous faisons de plus en plus face aux maladies transmissibles qui sont devenues les premières causes de décès dans le monde. Les plus fréquentes sont entre autres: l’hypertension artérielle, l’obésité, le diabète et les cancers. Pour faire face à ces nouveaux défis, des programmes robustes de lutte contre les maladies non transmissibles devraient être mis en place. La prise en compte des déterminants sociaux de la santé dans tous les programmes avec l’appui de l’OMS est cruciale. Je ne saurais terminer mon propos sans exprimer au nom du peuple centrafricain et en mon nom propre, ma profonde gratitude à tous les partenaires techniques et financiers qui, dans un coude à coude quotidien avec l’OMS, contribuent à l’amélioration de la santé et du bien-être de la population centrafricaine. Je terminerai mon message en remerciant les agents de santé, toutes catégories confondues, pour leur travail assidu et leur sacrifice. Je les encourage à ne pas baisser les bras face aux défis sanitaires car le peuple centrafricain compte sur eux. Le Gouvernement et moi-même mettons tout en œuvre pour améliorer de leurs conditions de vie et leur cadre de travail. Joyeux anniversaire à l’OMS.Vive la coopération internationale pour la santé mondiale.
Je vous remercie.