Mesdames et Messieurs ;
C’est toujours avec un réel plaisir que je préside personnellement la célébration de la Journée Nationale de l’Arbre, édition 2022.
Je voudrais tout d’abord exprimer ma gratitude à l’endroit de toute la population ici présente pour l’accueil chaleureux qui nous a été réservé.
Votre présence massive à cette cérémonie témoigne de votre volonté d’accompagner les pouvoirs publics dans la mise en œuvre de la politique de conservation de la biodiversité, de la lutte contre la déforestation et le dérèglement climatique.
Distingués invités ;
Mesdames et Messieurs ;
Populations des 4ème et 7ème Arrondissements de Bangui ;
Nous voici réunis à nouveau, sur cette colline de Gbazabangui, pour célébrer la 38ème Journée Nationale de l’Arbre, après celle de 2016.
Le thème de cette année qui vient d’être développé par le Ministre chargé des Eaux, Forêts, Chasse et Pêche est, je le rappelle: « Arbre, moyen de lutte contre la dégradation et la désertification ».
En développant cette thématique, le Ministre des Eaux, Forêts, Chasse et Pêche nous a d’une part, peint un tableau sombre des catastrophes liées à la dégradation et la désertification et donner d’autre part, proposé des solutions pour en limiter les impacts.
Mesdames et Messieurs ;
La survie de l’espèce humaine est menacée par une course effrénée des nations pour l’exploitation des ressources naturelles afin de répondre aux impératifs de développement socio-économique.
Cette surexploitation des ressources naturelles a conduit à un grand déséquilibre sur la terre au point que l’humanité toute entière est aujourd’hui mise devant les faits accomplis.
Comme vous le savez, la forêt de la République Centrafricaine fait partie du massif forestier du Bassin du Congo, qui a le privilège d’abriter une richesse exceptionnelle en biodiversité.
Toutefois, nous ne devons toujours pas perdre de vue que cette richesse, à l’instar de celle des autres pays tropicaux, est confrontée aux problèmes de déforestation et de dégradation de toutes sortes.
C’est donc pour cette raison que notre pays célèbre chaque année, la Journée Nationale de l’Arbre qui, comme les autres ressources naturelles, est exposé sans cesse aux différentes activités nuisibles et destructives liées à la pression des populations ou aux calamités naturelles.
La célébration de cette journée s’est développée avec le temps pour devenir l’un des principaux moyens de communication pour stimuler la conscience environnementale de nos populations et d’encourager l’action politique nationale.
Elle permet aussi à ces populations de s’intéresser aux multiples et complexes problèmes liés à la dégradation de l’environnement et de donner aux communautés les possibilités de devenir des acteurs de développement durable, par un changement de comportement.
Cette journée soulève régulièrement les questions essentielles de la protection du secteur Forêt-Environnement et de ses conséquences sur la vie des populations, la survie de notre planète et veut faire des populations des acteurs pertinents du développement durable.
Mesdames et Messieurs ;
Il est aujourd’hui reconnu que la déforestation contribue de façon extrêmement importante au réchauffement climatique. Elle est à l’origine de nombreux problèmes écologiques, comme les glissements de terrains ou les inondations.
La désertification, la surexploitation des ressources naturelles, la démographie galopante et un mode de consommation non durable sont encore aggravés par le changement climatique qui nous invite tous à agir dans le sens de la responsabilité environnementale et de la conciliation entre les activités du développement humain et le respect de l’environnement.
En comparant les données statistiques du secteur forestier de la RCA à celles des autres pays de la sous-région, les taux de la déforestation et dégradation sont plus élevés, en revanche, celles de la régénération sont faibles.
Ce qui montre que notre pays doit beaucoup faire pour augmenter le taux de régénération et diminuer les taux de déforestation et dégradation, autrement nous courons le risque d’une désertification surtout que le changement climatique est perceptible par tous.
Vous le savez, qui dit désertification, dit perte de la biodiversité et même de la vie humaine.
C’est pourquoi les actions de reboisement que nous menons depuis plusieurs décennies sont salutaires pour la sauvegarde de cet important héritage qui est le massif forestier centrafricain en particulier et celui du Bassin du Congo en général.
– Distingués Invités ;
– Mesdames et Messieurs ;
Les générations futures attendent beaucoup de nous et il est de notre responsabilité de leur transmettre un patrimoine naturel relativement intact pour la survie, car elles ont, aussi bien que nous, le droit à un environnement sain où il fait bon vivre, car une sagesse amérindienne dit, je cite : « Traitez bien la terre. Elle ne vous a pas été donnée par vos parents, elle vous a été prêtée par vos enfants. Nous n’héritons pas la terre de nos ancêtres, nous l’empruntons à nos enfants ». Fin de citation.
Les dernières catastrophes environnementales survenues dans le monde suite à des pluies torrentielles ont provoqué des glissements de terrain ayant englouti plusieurs maisons construites sur les flancs des montagnes dans certains pays.
Notre pays vient, à nouveau, de connaître des sinistres résultant des conséquences des changements climatiques.
Devant ces situations, je me vois dans l’obligation d’intervenir énergiquement par tous les moyens en ce qui concerne la Réserve Spéciale de la Colline de GBAZABANGUI qui est considérée comme le poumon de notre belle capitale Bangui, d’où raison de notre présence ici aujourd’hui.
Cette colline, classée comme réserve spéciale, continue de faire l’objet de convoitises de certains Compatriotes qui méprisent les réglementations en vigueur.
Ces occupants illégaux, ignorant les textes doivent comprendre qu’ils s’exposent d’abord aux lois du pays et à des catastrophes environnementales à long terme.
Par conséquent, j’instruis les Ministres chargés des Eaux, Forêts, Chasse et Pêche ; de l’Urbanisme, de la Réforme Foncière, de la Ville et de l’Habitat et le Ministre d’Etat chargé de la Justice, de tout mettre en œuvre pour préserver cette Réserve Spéciale de la Colline de GBAZABANGUI.
Par la même occasion, j’instruis le Ministre chargé des Forêts et à travers lui la Direction Générale du Fonds de Développement Forestier, de faire la promotion des plantations des essences forestières exotiques et locales telles que le teck, les accacia, le kaya ou dêkè en Sango et même l’essessang ou arbre à chenilles, communément appelé kéké ti makongo, en Sango.
Ces essences ont non seulement l’avantage d’avoir une croissance rapide, mais constituent une source de revenus pour la population et l’Etat.
– Distingués Invités,
– Mesdames et Messieurs ;
Le défi qui nous attend est de pouvoir garantir à nos populations des conditions de vie décente, tout en veillant à ne pas hypothéquer le bien-être des générations futures par une surexploitation des ressources naturelles.
Nul n’ignore l’importance de l’arbre et des forêts dans la résolution des grandes crises écologiques et socio-économiques qui menacent la survie de l’humanité.
En dépit de ces efforts de lutte menée contre ces fléaux, je ne me lasse point de répéter que la lutte contre la déforestation et la désertification sous toutes doit être intensifiée par toutes les couches de la population centrafricaine.
C’est une question d’éthique naturelle. Nous ne devons plus agir de manière isolée et égoïste, en ne considérant que notre période actuelle aux fins de satisfaire seulement nos besoins personnels, mais en prenant en compte aussi l’avenir de notre pays.
Devant les graves menaces, de nature humaine qui pèse sur notre environnement, j’exhorte la population riveraine de la Réserve Spéciale de la forêt de GBAZABANGUI, à veiller sur les arbres plantés.
Je dois regretter que les arbres plantés ici en 2016 ont été inconsciemment détruits par certains Compatriotes pour y établir des propriétés bâties et non bâties, obligeant ainsi l’Etat à réagir de manière rigoureuse pour protéger la Réserve.
Je mets en garde tous ceux ou toutes celles, hantés par les mauvaises pratiques qui tenteront de détruire les jeunes plants faisant l’objet de reboisement à l’occasion de la journée Nationale de l’Arbre. Ils subiront à la rigueur de la loi.
Je saisis cette occasion pour exprimer notre gratitude à nos partenaires techniques et financiers pour toutes les initiatives à nos côtés dans la lutte contre la déforestation et la désertification.
Leur constante sollicitude à l’égard de la République Centrafricaine illustre à merveille l’élan de solidarité nécessaire à la protection et la préservation de notre écosystème forestier.
Je profite de cette occasion pour vous informer que la République Centrafricaine vient d’adopter son Plan d’Opération pour le Plan de Convergence de la COMIFAC (2021-2025) pour un montant total de 407.297.897 du Dollars américain dont 330.892.055 du Dollars américain sont à rechercher auprès des partenaires au développement.
Ce Plan d’Opération est la déclinaison du Plan de Convergence révisé de la COMIFAC qui est le cadre de référence et de coordination de toutes les interventions en matière de conservation et de gestion durable des écosystèmes forestiers en Afrique Centrale.
De même, le Ministère des Eaux, Forêts, Chasse et Pêche vient de se doter d’un document national de politique forestière assorti d’une vision à l’horizon 2035.
Le but, les objectifs généraux, les principes directeurs, les orientations générales, les axes stratégiques visent à permettre le développement des projets et programmes de développement du secteur dont le coût de mise en œuvre s’élève à 75 526 250 000 de FCFA pour une période de cinq (5) ans.
Ce document répond à la vision des Chefs d’Etat d’Afrique Centrale selon laquelle « Les Etats d’Afrique Centrale gèrent durablement et de manière concertée leurs ressources forestières pour le bien-être de leurs populations, pour la conservation de la diversité biologique et pour la sauvegarde de l’environnement mondial ».
Dans cette optique, je sollicite de nos partenaires techniques et financiers leurs contributions afin d’accompagner le pays dans la mise en œuvre des initiatives ci-dessus, car il ne s’agit pas seulement d’une affaire centrafricaine mais d’une affaire mondiale.
J’instruis le Ministre chargé des Eaux, Forêts, Chasse et Pêche et celui des Finances et du Budget de tout mettre en œuvre pour qu’au moins Trois Millions d’arbres soient plantés chaque année sur toute l’étendue du territoire national.
Je leur demande également de faire procéder à la réhabilitation de la couverture végétale des chaînes de montagnes allant du 7ème Arrondissement de Bangui au PK 22, route de DAMARA, en vue d’atténuer et éradiquer l’érosion, l’une des causes des inondations dans la ville de Bangui et ses environs.
Ces objectifs peuvent être atteints grâce à l’appui technique et financier du Fonds de Développement Forestier et du Fonds Mondial pour l’Environnement.
J’exhorte chaque Centrafricaine et chaque Centrafricain, homme, femme et enfant à planter un arbre, aujourd’hui, demain et tous les jours pour.
En plantant un arbre, nous faisons preuve de notre amour pour l’humanité tout entière.
Sur ce, je souhaite une bonne Journée Nationale de l’Arbre.
Que Dieu bénisse notre pays !
Je vous remercie.