Discours de Son Excellence Le Professeur Faustin Archange Touadera, President de la République, Chef de l’Etat, Président en exercice de la conférence des Chefs d’Etat de la CEMAC à l’occasion de la célébration du 30ème anniversaire de la CEMAC

19 Mars 2024
16 MARS 2024
Monsieur le Président de l’Assemblée Nationale ;
Monsieur le Premier Ministre, Chef du Gouvernement ;
Mesdames et Messieurs les Membres du Gouvernement ;
Monsieur le Président du Conseil des Ministres de la CEMAC ;
Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs et Chefs de Missions Diplomatiques ;
Monsieur le Président de la Commission de la CEMAC ;
Monsieur le Gouverneur de la BEAC ;
Messieurs les Membres du Gouvernement de la Commission de la CEMAC ;
Mesdames et Messieurs les Premiers Responsables des Institutions, Organes et Institutions spécialisées ;
Monsieur le Président de la Délégation Spéciale de la Ville de Bangui ;
Distingués Invités ;
Mesdames et Messieurs,
Le 16 mars 1994, au lendemain de la dévaluation du Franc CFA, notre Sous-région avait décidé d’opérer un choix, à la fois responsable et stratégique, en procédant à la transmutation de l’Union Douanière et Économique de l’Afrique Centrale (UDEAC) en une Communauté Économique et Monétaire de l’Afrique Centrale (CEMAC).
La longue marche, depuis l’UDEAC, a marqué d’innombrables empreintes en matière d’intégration, mais elles avaient besoin d’être renforcées.
Un regard rétrospectif sur le parcours de la CEMAC, depuis sa création en 1994, nous conforte dans la pertinence du choix opéré par les Pères fondateurs, mais également sur l’impérieuse nécessité d’évoluer ensemble, pour bâtir ce destin commun, justifié par l’interconnexion de nos peuples et nos cultures ancestrales et par la complémentarité de nos économies.
C’est donc avec un grand plaisir que je me joins à vous, aujourd’hui, pour commémorer les 30 ans d’existence de notre Communauté.
Ce faisant, je voudrais m’acquitter d’un agréable devoir, celui de vous rappeler la vision des Pères fondateurs de notre communauté, qui s’articule aujourd’hui autour du Programme Économique Régional (PER) dont l’objectif est de faire de la CEMAC, “un espace économique intégré, émergent où règnent la sécurité, la solidarité et la bonne gouvernance”.
La principale mission de la CEMAC est donc de développer un espace intégré et d’y promouvoir un développement harmonieux.
Peuple de la CEMAC,
Trente années passées, le devoir de réédition de compte nous interpelle tous.
C’est dans cet esprit qu’a été retenu le thème pour la célébration de cette année spéciale qui est : «Trente ans d’expérience de la CEMAC au service de l’intégration régionale : bilan et perspectives ».
Il s’agit ici de dresser le tableau des acquis et défis qu’a connus la CEMAC durant ces trente dernières années.
C’est ici le lieu pour moi de vous rassurer, Chers Concitoyennes et Concitoyens de la Communauté, qu’il y a effectivement des progrès importants qui ont été réalisés durant ces trente années pour l’atteinte de ces objectifs.
La CEMAC a considérablement amélioré́ le cadre conceptuel, institutionnel et les réglementations communautaires de la Sous-région.
Ce qui a fort heureusement conduit à un début effectif de l’union douanière, avec la libre circulation des marchandises et la libéralisation des échanges intracommunautaires.
Ensuite, il y a toute la problématique liée à la surveillance multilatérale qui a permis à nos Etats d’avoir une stabilisation macroéconomique, ouvrant la voie à des appuis des partenaires financiers.
Grâce à cet effort, les prévisions de 2023 portaient l’inflation dans la Sous-région CEMAC à 3,3 %, avant de revenir en dessous du critère de convergence de 3 % à partir de 2024.
La croissance à moyen terme devrait augmenter progressivement à 3,5 %, principalement en raison d’une reprise plus dynamique du secteur hors pétrole, tandis que les réformes visant à améliorer la gouvernance, la transparence et l’environnement des affaires devraient commencer à porter leurs fruits.
Il va sans dire que la CEMAC présente dans l’ensemble un bilan positif sur le plan macro-économique avec une amélioration ces dernières années de ses principaux agrégats, preuve d’une reprise effective de l’activité économique, après la période marquée par la pandémie du COVID-19.
En outre, faut-il rappeler que les perspectives économiques des pays de la Sous-région restent globalement positives en dépit d’un contexte international marqué par les conflits russo-ukrainien et au Proche-Orient, ainsi que les perturbations qu’ils engendrent au niveau mondial.
Qu’il me soit également permis de vous rappeler que dans le souci de promouvoir et d’approfondir l’intégration régionale, à travers la consolidation de la libre circulation des personnes et des biens, la promotion de l’économie numérique, deux générations de projets intégrateurs ont été soumis aux partenaires financiers, lors des tables rondes organisées à Paris, respectivement en octobre 2022 et novembre 2023.
Ces projets intégrateurs sont pour la plupart orientés sur la construction des infrastructures régionales, donnant l’accès durable à l’énergie afin de renforcer les échanges intracommunautaires et tirer davantage profit des potentialités de la Zone de Libre-Échange Continentale Africaine (ZLECAF).
Peuple de la CEMAC,
Après le choc qu’ont connu nos économies suite à la chute des cours du pétrole, la nécessité de diversification économique s’était imposée à nos États.
Ce qui a conduit la CEMAC à se doter d’un Programme des Réformes Économiques et Financières, en abrégé (PREF-CEMAC), mis en place en 2016 par les Chefs d’État de la CEMAC, en vue de la mise en œuvre des actions rapides, vigoureuses et coordonnées de sortie de crise, aussi bien au niveau national que sous -régional.
Ce programme de réformes vient une fois de plus de nous conduire à une stratégie régionale d’import-substitution des produits du cru, en vue de renforcer la production locale et accroitre les échanges intracommunautaires.
Peuple de la CEMAC,
Mesdames et Messieurs,
Certes, il y’a des avancées, mais beaucoup reste à faire.
Parmi ces nombreux défis, il y’a lieu de mentionner prioritairement la question de la libre circulation, sans entraves, des personnes, des biens et des services, avec notamment la problématique du droit d’établissement qui est liée au droit de résidence.
J’invite la Commission de la CEMAC ainsi que toutes les Institutions concernées de tout mettre en œuvre pour venir à bout de ces entraves qui fragilisent encore notre marche commune vers une intégration totale.
Un autre défi auquel fait face notre espace Communautaire, est celui d’ordre sécuritaire.
En cette circonstance, je voudrais saluer l’élan de solidarité de nos États qui s’est toujours manifesté face aux multiples crises qu’a traversées notre Sous-région.
C’est ici l’occasion d’appeler l’attention de la Commission, sur la nécessité d’intégrer cette problématique des questions sécuritaires dans ses actions.
Il me semble aussi important de souligner la question de l’adaptation au changement climatique.
Il s’agit d’un challenge qui doit conduire nos États à plus de responsabilité sur l’utilisation rationnelle de nos forêts, car notre sous-région dispose du deuxième poumon écologique mondial ; ce qui constitue pour nous un atout majeur pour la mobilisation des crédits carbone, qui pourraient constituer une bonne source complémentaire de financement de nos économies.
S’agissant de cette question de mobilisation des ressources pour le fonctionnement et le développement économique et social de notre Communauté, le mécanisme mis en place devrait rassurer.
Mais dans les faits, très peu d’efforts ont été fournis jusqu’à présent.
C’est ici le lieu d’exhorter tous les Etats à réellement mettre en application, et ce, de manière intégrale, les instructions de la Conférence des Chefs d’Etat sur le mécanisme de collecte de la TCI.
A côté de la TCI, des efforts continus doivent être consentis pour la mobilisation de ressources domestiques à travers la mise en œuvre intégrale de la stratégie d’industrialisation de notre Sous-région, outil de grande importance, adopté pour le développement économique de nos Etats.
Dans ce cadre, je voudrais encourager la Commission de la CEMAC à accélérer le processus de finalisation de la politique et du Code minier de la CEMAC et à mettre en œuvre une politique de formation et de promotion de l’expertise régionale, en rapport avec les domaines prioritaires arrêtés dans notre sous-région.
Toutes ces actions, bien menées, couplées avec l’obligation de redevabilité, sont une assurance pour l’autonomisation des jeunes et des femmes, couches vulnérables de toute société.
S’agissant de la redevabilité, les résultats partiels de l’audit de la Commission nous engagent à interpeller les membres du Gouvernement de la Commission de la CEMAC, de la BEAC, ainsi que tous les Premiers Responsables des Organismes communautaires au sens du devoir, à l’orthodoxie et au respect scrupuleux des instructions des Chefs d’Etat.
J’instruis donc le Président du Conseil des Ministres de l’UEAC et celui du Comité ministériel de l’UMAC de procéder très rapidement à une évaluation de la mise en œuvre de toutes les instructions issues des cinq dernières Conférences des Chefs d’Etat et de nous en faire rapport.
En souhaitant une bonne fête à tous mes Frères, Chefs d’Etat de notre Sous-région, je voudrais, en leurs noms et au mien propre, remercier l’ensemble des acteurs ici présents, les missions diplomatiques et tous les partenaires techniques et financiers qui nous accompagnent dans notre marche vers l’intégration effective.
Je ne voudrais pas terminer mon propos, sans évoquer la question d’appropriation des actions de la Communauté par le peuple de la CEMAC.
La célébration de ce trentenaire, qui s’étend sur plusieurs mois, donne l’occasion à toutes les Institutions, Organes et Institutions spécialisées de suffisamment communiquer sur leurs activités, afin de permettre aux populations de mesurer les bienfaits de la Communauté dans leur vie.
Vive la Communauté Economique et Monétaire de l’Afrique Centrale !
Bonne fête à toutes et à tous !
Je vous remercie.
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