Moscou, 16 février 2024
– Excellence Monsieur Dimitri MEDVEDEV, Président du Parti politique « Russie unie » ;
– Excellences Mesdames et Messieurs les Chefs d’Etat et de Gouvernement;
– Distingués délégués ;
– Mesdames et Messieurs ;
La République Centrafricaine est honorée de participer à ce premier Forum des partisans de la lutte contre les pratiques modernes du néocolonialisme et de contribuer à la réflexion sur le combat politique pour la liberté des Nations.
Je tiens à remercier, avant tout, les autorités et le peuple ami de la Fédération de Russie pour l’accueil chaleureux qui m’a été réservé ainsi qu’à la délégation du « Mouvement Cœurs Unis », ce parti politique qui soutient mon action à la tête de l’Etat centrafricain.
Cela témoigne de l’excellence des relations qui caractérisent nos deux pays.
Je voudrais remercier et féliciter particulièrement Son Excellence Dimitri Medvedev, Président du parti « la Russie Unie » pour cette heureuse initiative et pour l’invitation adressée à mon pays.
Excellences ;
Mesdames et Messieurs ;
La colonisation est l’une des manifestations virulentes d’une injustice patente, d’une œuvre de déshumanisation, considérée comme l’un des crimes les plus graves contre l’humanité qui se perpétue malheureusement aujourd’hui sous de nouvelles formes.
En Afrique, particulièrement en République Centrafricaine, mon pays, nos ancêtres, profondément épris de paix et de liberté ont, dans un état de foi inébranlable et d’espérance, lutté durant plus d’un siècle, sans armes, au prix de leur vie, pour s’affranchir du joug colonial, briser la misère et la tyrannie et espérer l’avènement d’un monde nouveau où règnent la justice et l’indiscutable égalité des hommes.
Le 13 août 1960 marqua donc la fin de tant d’années de souffrances, de sujétion et d’amertume, endurées par nos ancêtres dans leur longue et héroïque conquête de la liberté et de l’autodétermination, sous la direction éclairée du Père Fondateur de la République Centrafricaine, feu Président Barthélemy BOGANDA, qui disparut avant la proclamation de l’indépendance, dans un accident d’avion dont l’origine et les causes demeurent inconnues.
Excellences ;
Mesdames et Messieurs ;
Il est vrai qu’il n’existe plus formellement aujourd’hui de colons ni de colonies. Le monde a changé et le colonialisme a également changé de stratégies.
Le néocolonialisme, l’une des causes principales des instabilités et du sous-développement en Afrique, est une politique impérialiste visant à utiliser diverses méthodes d’influence et de domination à son propre intérêt, ainsi qu’à celui de ses entreprises, au détriment d’autres nations.
Il revêt de ce fait une apparence différente de celle qu’il avait par le passé, mais poursuit les mêmes objectifs.
Pour la plupart, les fusils et les administrations coloniaux ont laissé place à l’influence, aux contraintes et aux propagandes médiatiques, aux contrats léonins, aux relations économiques déséquilibrées et des dynamiques politiques qui sapent la souveraineté des Etats.
Le néocolonialisme dénie l’indépendance des Etats, le droit à l’autodétermination des peuples anciennement assujettis et leurs aspirations légitimes à la liberté et à la dignité.
De manière insidieuse, le néocolonialisme se manifeste par la diplomatie coercitive, punitive et l’unilatéralisme, visant à se réapproprier les richesses naturelles des pays anciennement assujettis, à asseoir l’hégémonie des puissances néocoloniales sur les pays économiquement faibles par l’entremise des leviers et des mécanismes de représailles bien huilés tels que les embargos, les sanctions économiques et financières ainsi que l’instrumentalisation des institutions financières internationales.
Outre les sanctions injustes qui privent des millions de personnes de moyens de subsistance, il y a la pratique de la propagande médiatique qui suit une trajectoire prédéfinie en ne traitant l’information que partiellement ou avec partialité.
Ces actions ou réactions ne visent qu’une chose : assurer la domination ou préserver une zone d’influence pour certains qui veulent le meilleur pour eux, au détriment des autres, en s’appuyant parfois sur des relais locaux.
Mesdames et Messieurs ;
Je dois rappeler pour le regretter qu’à l’instar de la plupart des pays en développement, mon pays continue de faire face aux pratiques modernes du néocolonialisme occidental qui se manifestent par le maintien, sous des motifs fallacieux, de l’embargo sur les armes et le diamant ainsi que la suspension de l’aide budgétaire.
Ces mesures de rétorsion politique, économique et commerciale, sont prises par certaines puissances néocoloniales contre l’affirmation de notre souveraineté, notre droit à l’auto-détermination et notre droit légitime à choisir librement nos partenaires, conformément à la Charte des Nations Unies et aux intérêts supérieurs de nos populations.
Or, comment pouvons-nous admettre que, malgré l’immensité de sa richesse en ressources naturelles, mon peuple vit encore au-dessous du seuil de la pauvreté ?
Excellences ;
Mesdames et Messieurs ;
Il est regrettable de constater que le siècle de l’unification et de l’éveil de la conscience commune ne se déroule pas convenablement.
Pourtant, chaque nation, chaque pays, a le droit, sinon le devoir, d’œuvrer pour son intérêt, celui de son peuple et de sa prospérité.
Il se pose donc une réalité qui nous oblige à penser différemment en définissant de nouveaux moyens de tirer équitablement profit de nos richesses et de redéfinir le système international afin que la notion de souveraineté soit la même pour tout le monde, mettant ainsi fin à l’ingérence sous toutes ses formes.
Le changement est possible.
En ce qui concerne mon pays, la Constitution du 30 août 2023, adoptée à plus de 95% et qui fonde la 7ème République, donne un souffle nouveau et plus de stabilité et de souveraineté à notre pays, de vitalité à notre jeune démocratie, crée les conditions de la relance économique de notre pays par la revalorisation de nos ressources naturelles et la diversification de notre coopération.
Il est de notre devoir de marcher tous ensemble vers la prospérité en adoptant les bonnes stratégies et de forger un avenir où chaque nation pourra véritablement définir son destin.
Il est temps de briser les chaînes du néocolonialisme occidental pour tous les peuples, partout à travers le monde.
Il est temps d’arrêter l’expansion de cette idéologie pernicieuse et destructrice, cette machination de préjugés que certains peuples du monde vivent chaque jour dans leur chair, dans leur âme et qui les empêchent de maîtriser véritablement leur destin.
C’est pourquoi mon pays a adhéré au partenariat pour une croissance mutuellement accélérée, un développement durable et un multilatéralisme inclusif, développée par les BRICS.
Ce modèle de partenariat constitue pour nous une solution idéale aux inégalités mondiales extrêmes, aux velléités hégémoniques, néocoloniales, géopolitiques et géostratégiques de certaines puissances occidentales, qui maintiennent les Etats africains dans la pauvreté, l’insécurité et la dépendance.
Je souhaite que nos travaux débouchent sur un mécanisme qui permette de compléter le travail réalisé par le Comité international d’organisation de ce Forum pour faire du mouvement international informel des partis politiques et de forces publiques « Pour la liberté des Nations » une organisation permanente ayant pour dessein de combattre les pratiques modernes du néocolonialisme et de sauvegarder les intérêts des nations économiquement faibles.
Je réitère mes vives félicitations au parti politique « Russie Unie » qui a bien voulu éveiller la conscience de l’humanité sur les enjeux du néocolonialisme, cette pratique rétrograde qui freine l’émergence des pays en développement et plombe la stabilité et la solidarité internationale.
Je souhaite plein succès à nos travaux et vous remercie de votre aimable attention.