LANCEMENT OFFICIEL DE L’ETUDE NATIONALE PROSPECTIVE « RCA 2050 »

20 Novembre 2020
DISCOURS DE SON EXCELLENCE LE PROFESSEUR FAUSTIN ARCHANGE TOUADERA, PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE, CHEF DE L’ETAT
A
L’OCCASION DU LANCEMENT OFFICIEL DE L’ETUDE NATIONALE PROSPECTIVE « RCA 2050 »
BANGUI, 19 NOVEMBRE 2020
• Monsieur le Président de l’Assemblée Nationale ;
• Monsieur le Premier Ministre, Chef du Gouvernement ;
• Mesdames et Messieurs les Présidents des Institutions de la République ;
• Mesdames et Messieurs les Membres du Gouvernement ;
• Mesdames et Messieurs les Chefs des Missions Diplomatiques et Représentants des Organisations Internationales;
• Monsieur le Président de la Délégation Spéciale de la Ville de Bangui ;
• Mesdames et Messieurs les Préfets ;
• Distingués invités ;
• Mesdames et Messieurs ;
Je me réjouis de présider aujourd’hui la cérémonie officielle consacrée au lancement du processus d’élaboration de l’Etude Nationale Prospective « RCA 2050 ».
Comme vous le savez, depuis son accession à l’indépendance en 1960, la République Centrafricaine a élaboré et mis en œuvre plusieurs plans et programmes de développement.
Ces plans et programmes avaient, entre autres, comme objectif global, la réduction de la pauvreté à travers la promotion de la croissance, le développement des secteurs productifs, notamment l’agriculture, la foresterie, les industries et les services.
Malheureusement, les acquis de ces efforts ont été limités ou détruits par de multiples crises socio-politiques et militaro-politiques qui ont atteint leur paroxysme en 2013.
En effet, sur le plan politique, l’instabilité des institutions de gouvernance, la militarisation de la sphère et du jeu politiques, ont perturbé la gouvernance administrative avec des répercussions incalculables sur le bien-être des populations centrafricaines.
Sur le plan socioculturel, la pauvreté, les inégalités, la chute des systèmes d’éducation et de santé notamment, la fissuration du tissu social, les menaces de fentes dans la cohésion nationale sont autant de maux qu’on ne peut entreprendre de soigner qu’avec le concours de tous, et avec des remèdes politiques, économiques et sociaux qui sont ancrés dans une perspective de long terme.
Mesdames et Messieurs ;
Lors de mon investiture à la Magistrature suprême de l’Etat, le 30 mars 2016, j’annonçais mes plans d’actions pour relever le niveau de vie des Centrafricains rendus vulnérables par les derniers évènements douloureux déclenchés en 2012.
A cette occasion, je disais que nous devons sortir des sentiers battus pour développer les secteurs constituant le fondement de notre économie et contribuer à la croissance de notre Produit Intérieur Brut.
J’avais également indiqué que, sous mon leadership, le peuple centrafricain affrontera avec courage la sortie de crise.
A cet effet, j’exprime ma fierté de voir la grande capacité de résilience du peuple centrafricain et sa détermination à se relever des récurrentes crises qui lui ont causé tant de souffrances.
Pour soutenir cette résilience du peuple, le Gouvernement a décidé de lancer ce vaste chantier de la prospective, une approche dont le principal mérite est d’aider un groupe à mieux se poser les bonnes questions et à structurer sa réflexion collective.
Nous devons cultiver notre capacité à anticiper sur les évènements, et savoir réagir et vite.
C’est bien en raison du défaut d’anticipation d’hier que le présent est encombré de questions, auparavant insignifiantes, mais aujourd’hui urgentes qu’il faut régler vite, parfois en sacrifiant les objectifs du développement.
Mesdames et Messieurs,
Je voudrais également partager avec vous une citation du célèbre Sénèque, philosophe, écrivain, orateur et sénateur romain qui aurait vécu entre l’an 4 avant et l’an 1 après Jésus-Christ, je cite : « Il n’y a pas de vent favorable pour celui qui ne sait où il va ».
L’action qui n’a pas de but n’a pas de sens. L’anticipation éclaire l’action et lui donne un sens avec le double sens du mot: direction et signification.
L’Etude Nationale Prospective RCA 2050 dont nous lançons les travaux ce jour, permettra de projeter notre pays, la République Centrafricaine dans un avenir meilleur et souhaité. Sa réalisation est un exercice incontournable et utile.
Incontournable, car elle est une exigence pour remettre notre pays sur la trajectoire du développement humain durable, ce dont elle a droit comme tout autre pays du monde, et utile, parce qu’elle sera profitable à tous les Centrafricains d’aujourd’hui et de demain pour leur propre épanouissement.
Assurer le bien-être et garantir l’épanouissement de tous les Centrafricains constituent pour moi des priorités auxquelles j’attache beaucoup d’importance.
Nous devons tous, Gouvernement, société civile, partenaires au développement et communautés de base, à quelque niveau que ce soit, être les principaux acteurs, à nous engager dans ce processus.
J’en suis conscient, il reste encore beaucoup à faire pour retrouver la stabilité souhaitée.
En effet, la République Centrafricaine a franchi diverses étapes tout au long desquelles le Gouvernement a pu assoir progressivement les réformes nécessaires et lancer les activités de stabilisation nationale.
Aujourd’hui, le pays est dans une phase décisive de son histoire où il doit faire un choix capital pour trouver le meilleur chemin qui conduira vers la paix, gage d’un développement humain durable.
Nous devons sortir des sentiers battus pour développer les secteurs constituant le fondement de notre économie et contribuer à la croissance de notre Produit Intérieur Brut.
Nous devons réorganiser notre société, retrouver notre cohésion d’antan, relancer avec détermination la construction de notre Nation.
Sachons compter sur la grande capacité de résilience du peuple centrafricain et sa détermination à se relever des récurrentes crises qui lui ont causé tant de souffrances.
Pays sans littoral, enclavé, la République Centrafricaine a une superficie de 623.000 Km2 et reste très faiblement peuplée, comptant une population estimée à 5 millions d’habitants inégalement réparties entre les sept (7) régions.
L’inégale répartition de la population sur ce vaste territoire pose un véritable problème de développement et particulièrement en ce qui concerne le déploiement d’équipements collectifs de base tels que les services d’approvisionnement en eau potable, les services d’assainissement ou de distribution d’énergie, ainsi que les services de télécommunication et de transport.
Ce sous-peuplement limite aussi nos capacités à sécuriser nos vastes frontières.
Les problèmes qui pèsent sur les stratégies de développement découlent essentiellement de l’enclavement intérieur et extérieur, dus en grande partie à l’insuffisance et à l’état de délabrement des infrastructures routières et fluviales.
Cela constitue un ensemble de défis, dans le contexte actuel de sortie de crise, à relever pour tenir le pari du redressement économique et social durable.
Aussi, parmi les nombreuses causes de crises qui ont secoué la RCA, figure une pratique qui remonte à des décennies, en l’occurrence, la mauvaise gouvernance et son corollaire, la corruption.
C’est pourquoi, le Gouvernement a fait adopter la loi instituant la Haute Autorité Chargée de la Bonne Gouvernance, qui permet de renforcer la gouvernance et la transparence dans l’utilisation des ressources publiques, car il faut « sacraliser » les biens publics.
Par ailleurs, plusieurs autres actions ont suivi les orientations présidentielles avec des résultats concrets.
Au lendemain de mon accession à la magistrature suprême de notre Pays, en vue d’amorcer le redressement national, j’avais instruit le Gouvernement qui a élaboré et mis en œuvre, avec l’appui de nos partenaires techniques et financiers, le Plan National de Relèvement et de Consolidation de la paix (RCPCA), ainsi que le Cadre d’Engagement Mutuel (CEM).
La mise en œuvre de ce plan nous a permis d’engranger des résultats satisfaisants, même si beaucoup reste à faire.
De plus, j’ai toujours clairement montré ma volonté de mener une politique de main tendue et de dialogue pour ramener la paix dans notre pays.
C’est ainsi que, sur mon initiative, le dialogue entre les groupes armés et le gouvernement avait abouti, le 6 février 2019, à la signature de l’Accord Politique pour la Paix et la Réconciliation.
Toutes ces initiatives ainsi que celles qui suivront devront s’inscrire dorénavant dans la Vision que nous voulons définir et qui nous servira de boussole pour un Centrafrique moderne et comptant parmi les Etats-Nations en 2050.
Je voudrais ici remercier toute la communauté internationale, les Organisations régionales et sous-régionales, les partenaires au développement qui ont accompagné notre pays et le font encore, à traverser les moments difficiles qu’il connaît.
Avant de clore mon propos, je voudrais remercier le PNUD et la Banque Mondiale qui sont déjà à nos côtés pour l’exécution de ce projet.
Je félicite aussi les Organisations Non Gouvernementales nationales et internationales pour leur détermination à soulager les populations centrafricaines en détresse.
Je reste convaincu que vous serez avec nous dans la réalisation de cette nouvelle entreprise que nous lançons aujourd’hui et dont dépend l’avenir du peuple centrafricain.
Au moment où le pays s’engage dans ce grand chantier de réalisation de l’Etude Nationale Prospective « RCA 2050 », l’appui de nos partenaires, complément de nos moyens propres, est nécessaire pour arriver aux résultats escomptés.
Cette étude est la première que la RCA va réaliser et pour cela, il faut s’entourer de toutes les compétences nationales et internationales requises.
C’est un exercice qui va reposer sur une approche globale, large et basée sur des réalités nationales à transformer, qui alliera le quantitatif et le qualitatif au niveau de l’analyse et prendre en compte les ruptures et les incertitudes.
L’ensemble des efforts ainsi que ceux attendus de nos partenaires, associés à notre approche fondée sur le dialogue, la participation et la bonne gouvernance, contribueront à renforcer la République Centrafricaine dans sa marche vers la paix, la sécurité et le développement avec son peuple uni et réconcilié.
Une fois la vision définie, obligation sera faite de fonctionner avec des lois-plans et des lois-programmes, même régionalisées pour assurer un développement harmonieux sur tout le territoire national.
Enfin, je tiens à exprimer ma reconnaissance à nos partenaires dont la présence à cette cérémonie marque l’intérêt qu’ils portent au développement de notre pays.
Mon vœu est qu’à l’horizon 2050, soit d’ici trente (30), nous ayons un pays solidement uni, complètement pacifié, sécurisé, prospère et émergent.
Sur ce, je déclare officiellement lancé le processus d’élaboration de l’Etude Nationale Prospective « RCA 2050 ».
Que Dieu bénisse la République Centrafricaine !
Je vous remercie.