Les rideaux sont tombés hier soir sur la visite de travail du Président TOUADERA à l’Union Européenne.
L’Union Européenne à travers la voix de son Président Charles Michel a réaffirmé sa volonté de continuer à appuyer le relèvement de la RCA.
En plus des appuis constants des fonds Bekou et du FED, l’Union Européenne soutient l’encrage de la démocratie en RCA à travers le financement de plus de la moitié du budget des élections législatives et présidentielle du 27 décembre 2020.
L’Union Européenne qui finance l’EUTM et l’EUAM dans le secteur de la défense et de la sécurité est à l’origine de la remontée en puissance des armées centrafricaines.
Le Président TOUADERA s’est félicité de ce “success stories” et a remercié l’Union Européenne et ses membres pour la bonne qualité de cette coopération.
Cette visite il faut le rappeler a aussi permis au Président TOUADERA et au Président du Conseil européen et ancien premier ministre belge de resserrer les liens d’amitié et de fraternité entre la RCA et la Belgique.
NOUS VOUS PUBLIONS LE DISCOURS QUe LE PRESIDENT TOUADERA A PRONONCE A L’OCCASION DE CETTE RENCONTRE:
PROPOS LIMINAIRES DE SON EXCELLENCE LE PROFESSEUR FAUSTIN ARCHANGE TOUADERA, PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE, CHEF DE L’ETAT
RENCONTRE INFORMELLE AVEC LE COMITE POLITIQUE ET DE SECURITE DE L’UE (COPS)
BRUXELLES, LUNDI, 5 OCTOBRE 2020
I- Remerciements
– Madame la Présidente du Comité Politique et de Sécurité de l’UE ;
– Monsieur le Directeur Général Afrique de SEAE ;
– Mesdames et Messieurs ;
1- Je voudrais vous remercier pour cette rencontre et pour votre engagement constant et celui de tous les Etats membres de l’Union Européenne, dans la résolution de la crise centrafricaine.
2- La rencontre d’aujourd’hui me donne l’occasion de témoigner, à nouveau, l’importance du partenariat entre l’UE et la République Centrafricaine, un partenaire que j’ai toujours qualifié de stratégique, de confiance, respectueux de l’appropriation et des priorités de mon Gouvernement.
II- Union Européenne, partenaire privilégié de la RCA
1- Dans le domaine de la paix et de la sécurité
3- Grâce aux contributions de l’UE, nous avons enregistré des progrès importants dans la réalisation du Plan national de relèvement et de consolidation de la paix 2017-2021.
4- Le rôle joué par l’Union Européenne dans la préparation du dialogue inter-centrafricain pour la paix, qui s’est soldé par un accord historique signé le 6 février 2019 à Bangui, entre le Gouvernement et les groupes armés, a été décisif. Plus que celui d’un partenaire, ce rôle a été celui d’un ami discret et respectueux de notre leadership, de notre volonté et de la volonté du peuple centrafricain.
5- L’UE est pour nous un garant important de l’Accord politique pour la paix et la réconciliation. Pour la mise en œuvre de cet Accord, l’UE a mobilisé à ma demande plus de 130 millions d’Euros depuis la signature pour l’appui au processus, les Unités Spéciales Mixtes de Sécurité, la Justice, la sécurité, les élections, la consolidation de l’Etat de droit, le développement de l’arrière-pays, l’appui au retour des déplacés internes etc.
6- La mise en œuvre des USMS ne doit ni retarder ni fragiliser la mise en œuvre du Plan national de défense, qui demeure la priorité du Gouvernement en tant que seule véritable dynamique à même de restaurer la sécurité et la paix sur le territoire.
7- Malgré les actes forts posés par le Gouvernement par l’exécution, de bonne foi, de ses engagements contenus dans l’APPR, beaucoup de groupes armés, notamment les plus influents, non seulement n’ont pas tenu leurs engagements, mais continuent de violer l’Accord de paix.
Nous voulons en effet que l’UE nous soutienne dans nos plaidoyers en vue de la définition des sanctions politiques graduelles et ciblées qui doivent être prises à l’encontre des leaders des groupes armés qui ne respectent pas l’Accord de paix.
8- La persistance des violations continue de fragiliser l’APPR-RCA et pourrait finir par le tuer. Aidez-nous avec les garants et les facilitateurs pour qu’ils comprennent que tout ne peut pas être demandé au Gouvernement.
Affaiblir le Gouvernement devant l’opinion par manque d’action et d’impact visible contre les auteurs de crimes sur les populations reviendrait à enterrer le processus.
9- La reconstruction de l’Armée et des forces de sécurité intérieure est la clé pour arrêter le cycle des crises récurrentes en RCA.
La mission EUTM est et restera « l’assurance qualité » de la réforme de l’Armée centrafricaine.
10- Je remercie l’UE qui a favorablement donné suite à ma requête formulée ici en mars 2018, visant à instaurer une mission civile de soutien de l’UE en RCA, auprès des Forces de sécurité intérieures.
Nous venons, avec Mme Samuela ISOPI, de lancer officiellement l’EUAM que j’appelle « la 2ème jambe » de l’UE en RCA et qui concerne non seulement la sécurité publique, mais aussi les autres pans que sont la justice, l’Administration pénitentiaire, les Douanes, les Eaux et Forêts.
11- Dans le domaine de la reconstruction de nos forces de défense et de sécurité, l’UE est pour nous, à travers l’EUTM, une mission stratégique qui joue et continuera de jouer un rôle central dans la réforme du secteur de la sécurité et la reconstruction de l’armée.
Le renforcement du mandat par le déploiement de la mission à Bouar et le pilier interopérabilité visant la sécurité publique témoignent de la volonté de l’UE et des Etats-Membres de continuer à nous accompagner.
LES PERSPECTIVES
12- Tout en saluant la qualité de notre coopération avec l’UE, je réitère mon souhait de voir ce partenariat, primordial pour nous, continuer de se renforcer, en dépit de la pandémie de COVID 19, en vue de la réalisation des objectifs suivants :
Rehausser l’effectif du personnel de l’EUTM permettant ainsi de faire face à des formations de grande envergure et maintenir une constance dans les diverses formations spécifiques des cadres.
Cette posture pourra favoriser l’assistance technique de l’EUTM auprès des troupes déployées, s’inscrivant ainsi dans le cadre de suivi et d’évaluation des formations dispensées d’une part, et rehausser l’image de l’Union Européenne d’autre part;
Favoriser l’entrainement et l’aguerrissement des troupes in situ par l’EUTM ou de manière bilatérale par l’entremise des pays membres de l’UE et en particulier à travers les Forces Françaises au Gabon ;
Achever le programme de réhabilitation de la garnison de Bouar à travers le programme Bouar 2 en 2021, pouvant ainsi conférer à ladite garnison les capacités d’accueil des 2 bataillons avec les familles comme stipulé par le PND ;
Entamer dès 2021 la procédure de construction de la deuxième garnison en mettant l’accent en priorité sur Ndélé, ensuite Bangassou. Le facteur temps étant déterminant, la nécessité d’appui au niveau bilatéral des pays membres de l’UE s’avère indispensable pour la construction simultanée des 2 autres garnisons ;
Renforcer les capacités logistiques des FACA et des FSI, en capitalisant la levée partielle de l’embargo déjà acquise, facteur qui pourra placer de manière concrète le système de défense et sécurité au premier plan en mesure de mieux protéger la population, faire respecter les droits de l’homme et favoriser le respect de l’APPR par les différents acteurs ;
Octroyer le soutien effectif de l’UE dans le processus électoral en matières de conseil, d’assistance et d’appui multiforme, surtout financier, aux différents organes ainsi qu’aux éléments des FDS en général, en privilégiant les FSI, dans le cadre de la sécurisation des élections groupées de décembre 2020.
13- L’UE a investi plus de 800 millions d’Euros depuis la crise : Sécurité, justice, institutions démocratiques, développement, aide humanitaire, gouvernance.
14- Avec les actions lancées en 2019 qui s’inscrivent dans le cadre du processus en cours (aide budgétaire général 2019, aides budgétaires sectoriels sécurité et justice 2019-2020, projets d’appui aux FACA et FSI, CVR-réduction des violences communautaires, CPS, aide humanitaire 2019, appui à la démocratie via l’Assemblée Nationale, et l’ANE préalablement aux élections, augmentation de l’enveloppe programme BEKOU, Santé), l’investissement global en appui à nos efforts se situe pour les années 2019-2020 autour de 250 millions d’Euros, montants auxquels nous devons encore ajouter l’investissement considérable constitué par l’EUTM et aujourd’hui, l’EUAM.
15- Je vous remercie pour le prolongement du Fonds BEKOU qui nous permettra de continuer à soutenir nos populations dans l’arrière-pays avec un investissement supplémentaire de 55 millions d’Euros (30 millions de la Commission Européenne et 25 millions des Etats contributeurs notamment l’Allemagne, la France et la Suisse).
16- J’ai demandé que ces fonds soient prioritairement destinés au relèvement et développement de l’arrière-pays, à la création d’emploi et d’opportunité pour la jeunesse, à l’autonomisation des femmes, aux retours de nos compatriotes.
III- Dans le domaine de la justice et la nécessité pour l’UE de soutenir la Cour Pénale Spéciale
17- Je voudrais saisir cette occasion pour vous réaffirmer l’engagement de la République Centrafricaine et le mien propre lutter contre l’impunité qui est l’une des principales causes des crises récurrentes en RCA.
18- Je voudrais souligner le rôle clé de l’UE dans ce domaine en tant que premier bailleur de la justice centrafricaine aussi bien pour les juridictions ordinaires que pour la Cour Pénale Spéciale.
19- Depuis la signature du premier projet européen d’appui à la Cour Pénale Spéciale, nous avons enregistré des avancées importantes. L’aide budgétaire sectorielle de l’UE et l’assistance technique déployée auprès du Ministère de la Justice ont permis à la RCA de disposer d’une politique sectorielle globale de réforme profonde et audacieuse de la justice.
20- Je voudrais aussi saluer l’annonce de la mise en place d’un nouveau programme d’appui à la réforme du secteur de la sécurité et de la gouvernance qui prévoit 20 millions d’Euro en faveur de la Justice, de l’Etat de droit et de l’état civil. La prise en compte de ces domaines permettra une avancé réelle sur la mise en œuvre de l’APPR-RCA.
21- Aussi, nous nous sentons honorés par l’aide budgétaire directe de l’UE à l’Etat centrafricain à hauteur de 15 millions d’Euro, accompagnée d’un appui institutionnel pour renforcer le leadership de la gouvernance du secteur de la justice.
Elle prend en compte les différentes composantes de la justice telles que la Cour Pénale Spéciale et la Commission Justice Vérité Réparation et Réconciliation. Elle facilite la mise en place d’un mécanisme de complémentarité et de concertation entre les différentes composantes de la justice et la protection des victimes et les possibilités de leur réparation.
22- Je voudrais ici exprimer toute notre reconnaissance pour le nouveau projet européen d’appui à la Cour Pénale Spéciale dont la convention de financement à hauteur de 2,5 millions d’Euro, a été signée le 29 septembre 2020 entre l’UE et le PNUD.
Ce projet, comme vous le savez, vise prioritairement à renforcer les capacités d’enquête, de poursuite et d’instruction des crimes relevant de la compétence de la CPS mais également l’opérationnalisation de l’ensemble des services du Greffe et la mise en place des organes de jugement.
23- Grâce à ces contributions de l’UE, notre justice a pu organiser les procès de certains représentants des groupes armés devant la Cour Criminelle de Bangui. D’autres sont aussi arrêtés avec le concours de la MINUSCA et attendent d’être jugés.
24- Nous voulons saisir cette opportunité que nous offre l’UE pour offrir à nos populations une justice inclusive basée sur le respect des droits de l’Homme, véritable pierre fondatrice d’une paix effective et durable.
25- Vous me permettrez de féliciter Madame Samuela ISOPI, Ambassadeur de l’Union Européenne en Centrafrique pour l’excellence qualité de la coopération avec les autorités centrafricaines et sa dynamique coordination qui nous ont permis de renforcer davantage notre coopération avec l’UE et d’atteindre les résultats tangibles, salués par toute la population centrafricaine.
26- Désinformations
• Je saisis cette occasion pour condamner toutes les récentes attaques contre l’Union Européenne et contre sa Représentante, l’Ambassadeur ISPOPI, menée par une certaine presse privée et qui fort heureusement, n’ont pas altéré notre partenariat.
• Le soutien dont nous bénéficions de l’Union Européenne et des Etats membres ne rime pas avec les messages de stigmatisation et fake news savamment distillés dans la presse et les media sociaux.
• J’entends travailler avec toutes les parties prenantes, le Gouvernement et les institutions, pour explorer avec le soutien de la communauté internationale, un code de bonne conduite qui préserve un climat de paix durant tout le processus électoral.
CONCLUSION
27- L’Union Européenne est un partenaire stratégique. Aucun Etat-Membre ne doit douter de notre reconnaissance, vu l’importance et de la valeur ajoutée que l’UE nous apporte dans toutes ses actions.
28- L’Union Européenne nous accompagne dans la reconstruction des institutions pour que l’Etat puisse reprendre sa place, servir et protéger ses populations, car « Bâtir l’Etat, c’est bâtir la paix ».
Il n’y a pas pour nous d’autres partenaires qui ont la même écoute, la même crédibilité auprès de nos populations. Nous comptons sur le poids politique de l’UE et des Etats Membres pour nous aider à mettre en œuvre l’Accord de paix.
29- C’est pourquoi, je voudrais rassurer l’UE, premier contributeur pour le financement des élections générales de notre ferme détermination à organiser, dans les délais constitutionnels, les élections présidentielle et législatives transparentes, apaisées et crédibles. C’est pour nous le seul moyen d’assurer l’ancrage démocratique dans un pays meurtri par des décennies de crises militaro-politiques.
30- Je vous encourage à poursuivre votre engagement dans le domaine sécuritaire. Nous aider dans la logistique, la reconstruction des infrastructures, la dotation d’équipements létaux et non létaux est primordial pour accompagner la reconstruction de l’armée et des FSI. Sans cet accompagnement tous vos efforts risquent d’être vains. Je vous prie de sensibiliser les institutions et surtout les Etats-Membres.
31- Je lance un appel pour la poursuite de la coopération et du financement dans le domaine de la justice en appui à la réforme du secteur de la sécurité, mais aussi au mécanisme de justice transitionnelle, notamment la Cour Pénale Spéciale t la CVJRR.
32- Je lance aussi un appel à l’endroit des Etats membres pour la mobilisation politique et financière en soutien à la CPS et à la mise à la disposition des Magistrats internationaux.
33- Je veux que les Etats-Membres et les contribuables européens sachent que leur soutien fait la différence et que chaque Euro investi en République Centrafricaine est un Euro investi pour la paix.
Je vous remercie de votre aimable attention.