La cérémonie de lancement de projets agricoles

6 Août 2020

DISCOURS DU PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE, CHEF DE L’ETAT, S.E. PROFESSEUR FAUSTIN ARCHANGE TOUADERA

A L’OCCASION DE LA CEREMONIE DE LANCEMENT DE PROJETS AGRICOLES

(Yaloké, 5 Août 2020)

• Monsieur le Président de l’Assemblée Nationale ;
• Monsieur le Premier Ministre, Chef du Gouvernement ;
• Mesdames et Messieurs les Présidents des Institutions de la République ;
• Mesdames et Messieurs les Membres du Gouvernement ;
• Messieurs les Représentants de la Banque Mondiale, du Fonds International de Développement et de la Banque Africaine de Développement ;
• Monsieur le Préfet de l’Ombella-M’poko ;
• Messieurs les Députés;
• Monsieur le Président de la Délégation Spéciale de la Ville de Yaloké ;
• Distingués invités ;
• Mesdames et Messieurs ;
• Laborieuse Population de Yaloké ;

Je voudrais tout d’abord vous saluer et vous remercier pour l’accueil chaleureux qui m’est réservé ainsi qu’à la délégation qui m’accompagne.

Mes remerciements et encouragements vont aussi à l’endroit des autorités administratives locales, des chefs traditionnels, des confessions religieuses, des différentes associations et organisations locales, pour les actions constantes et efficaces que vous menez en faveur du retour de la paix, de la sécurité et du vivre ensemble à Yaloké.

Je voudrais ensuite saluer les Représentants de la Banque Mondiale, de la Banque Africaine de Développement et du Fonds International de Développement qui ont uni leurs efforts pour rendre possibles ces projets et pour leur présence parmi nous.
Au nom du Peuple et du Gouvernement centrafricains, je tiens à remercier tous nos partenaires ici présents ou empêchés pour leurs appuis à ces projets importants qui illustrent leur engagement perpétuel à soutenir le développement du secteur agricole de notre pays.

Laborieuse population de Yaloké ;

Je me réjouis de votre présence massive à cette cérémonie de lancement des projets agricoles, très vitaux pour notre pays.

J’ai suivi avec une attention particulière vos doléances présentées ici par le Président de la Délégation Spéciale de la Ville de Yaloké.

Le Gouvernement étudiera la possibilité de répondre à ces préoccupations toutes légitimes.

Par ma présence aujourd’hui à Yaloké, je voudrais témoigner toute ma reconnaissance à la dynamique population de Yaloké et mon attachement à cette Sous-préfecture.

La Sous-préfecture de Yaloké est, en particulier, une zone agricole, d’élevage et minière par excellence. Elle a tous les atouts pour réussir son développement socio-économique, pourvu que la paix retrouvée soit pérenne.

Jadis, la Sous-préfecture de Yaloké constituait l’un des greniers de notre pays et ravitaillait la ville de Bangui en produits vivriers, laitiers et en viande bovine.

Mesdames et Messieurs ;

La cérémonie d’aujourd’hui m’offre l’occasion de rappeler que la République Centrafricaine, notre pays, dispose de fortes potentialités agricoles largement sous-exploitées. En effet, nous disposons de plus de 15 millions d’hectares de terres arables et 16 millions d’hectares de pâturage.
Le pays bénéficie d’un bon climat, d’un sol fertile et d’une diversité de terres, autant d’éléments essentiels pour assurer la réussite du secteur agricole qui peut satisfaire nos principaux besoins alimentaires, stimuler l’augmentation des revenus et des emplois pour les jeunes.

En dépit de ces conditions agro écologiques favorables, l’offre alimentaire demeure insuffisante par rapport aux besoins de la population.

Comme vous le savez, le secteur agricole a été profondément touché par les crises militaro-politiques de ces dernières années. La dernière et la plus grave crise déclenchée en décembre 2012 a engendré une crise humanitaire sans précédent et un déplacement massif de la population.

La population rurale, dont celle de Yaloké, était victime de prédation perpétrée par les bandes armées qui ont mis en coupes réglées le pays, engendrant des fractures violentes au sein des communautés agro-pastorales.

On disait de Yaloké qu’elle était une ville « soudanisée », en raison de la présence massive des mercenaires soudanais dans cette Sous-préfecture.

Outre ces conflits, les aléas et les changements climatiques provoqués par les feux de brousse et la déforestation ont des conséquences sur la gestion des écosystèmes et autres ressources agricoles et naturelles renouvelables pouvant entraver la cohésion sociale, la stabilité et le développement durable du pays.

Sur le plan institutionnel, l’agriculture centrafricaine était marquée par de faibles moyens de production, de transformation et de commercialisation, ainsi qu’une coordination souvent insuffisante.

Les conditions sécuritaires précaires créées par la crise ont eu aussi un impact négatif sur la mobilité des éleveurs et de leurs troupeaux compromettant la transhumance et réduisant l’accès aux marchés à bétail.

Par ailleurs, la transhumance transfrontalière, souvent motivée par la recherche de pâturages, des points d’eau, mais également par la fuite des foyers d’épizootie ou le commerce d’animaux, a bouleversé la transhumance au niveau spatial et les mécanismes de gestion des conflits entre agriculteurs et éleveurs et aggravé les tensions récurrentes entre ceux-ci.

Mesdames et Messieurs ;

L’agriculture vivrière et l’élevage constituent un formidable levier de croissance et d’amélioration des conditions de vies des populations rurales.

C’est pourquoi, dès ma prise de fonction, j’ai fait du secteur agricole une de mes priorités afin de réduire la pauvreté et relancer durablement notre économie.

J’ai estimé, et je ne suis pas trompé, que le développement et la diversification de l’agriculture et de l’élevage sont essentiels à la refondation du pays, à travers l’amélioration de la sécurité alimentaire et la nutrition, la création d’emplois productifs et la consolidation de la paix.

Durant les quatre années écoulées, le Gouvernement a travaillé en étroite collaboration avec nos partenaires techniques et financiers pour mettre en place trois grands projets agricoles afin d’améliorer les conditions de travail de nos agriculteurs et éleveurs.

C’est ainsi que:

– le 3 décembre 2018, un accord de financement a été signé avec la Banque Africaine de Développement, pour la mise en œuvre du Projet de Développement des Chaînes de Valeurs Agricoles dans les Savanes (PADECAS), pour un montant de 16 milliards 160 millions de FCFA sur 5 ans ;
– le 11 février 2019, un accord de financement a été signé entre la République Centrafricaine et le Fonds International pour le Développement Agricole (FIDA), pour la mise en œuvre du Projet de Relance de la Production Agropastorale dans les Savanes (PREPAS), pour un montant de 6 milliards de FCFA sur 6 ans ;
– et, le 31 mai 2019, un accord de financement a été signé entre la République Centrafricaine et la Banque Mondiale, pour la mise en œuvre du Projet d’Appui à la Relance Agricole et au Développement de l’Agrobusiness en Centrafrique (PRADAC), pour un montant de 12 milliards 500 millions de FCFA sur 5 ans, à compter de septembre 2019.

Je voudrais aussi saluer d’autres projets en cours, notamment le projet de résilience rurale et de relèvement des filières agropastorales porteuses qui contribuent à travers des campagnes de sensibilisation et de formation à l’éveil de conscience chez les jeunes, hommes et femmes.

Je les invite à saisir toutes les opportunités pour entreprendre des activités génératrices de revenus dans le secteur agricole et dans une approche entrepreneuriale.

Le Gouvernement mettra tout en œuvre pour la bonne marche de ces projets qui détermineront les actions futures de relance des filières porteuses, avec une réelle implication des coopératives de producteurs, dans le cadre du partenariat public privé.
Je souhaite que les investissements PREPAS, PADECAS et PRADAC apportent à nos agriculteurs des semences améliorées de maïs, de haricots rouges et des plants de manioc vigoureux pour assurer à nos populations une alimentation saine et variée.

Pour apporter une solution durable à la sempiternelle problématique de transhumance armée, l’Accord Politique pour la Paix et la Réconciliation du 6 février 2019 a créé des Unités Spéciales Mixtes de Sécurité (USMS), composées des Forces de Défense et de Sécurité et des membres des groupes armés soumis au processus de DDR.

Il vous souviendra que le 12 mai dernier, j’ai lancé, à Bouar, les opérations de déploiement des USMS qui sont chargées d’assurer la surveillance des couloirs de transhumance dans les régions Nord et Nord-Ouest et progressivement dans toutes les régions de notre pays.

Je vous demande donc de soutenir la mise en œuvre de cet Accord, seule voie de sortie de la crise, de la paix, de la réconciliation nationale et de la restauration définitive de l’autorité de l’Etat sur l’ensemble du territoire.

Chers agriculteurs et éleveurs ;

Le Ministre de l’Agriculture m’a informé que vos activités sont aussi menacées par la pandémie du COVID-19, qui a ralenti les commandes et les achats pour le démarrage de ces projets.

Toutefois ici à Yaloké, l’avantage de la route bitumée pour le transport de vos produits vivriers vers le marché de Bangui ou vers le Cameroun, et bientôt avec les microcrédits qui seront fournis aux meilleurs agriculteurs par le PREPAS, permettront, j’en suis persuadé, aux plus entreprenants d’améliorer leurs conditions de vie de leurs familles, grâce aux ventes groupées de produits vivriers aux sociétés telle que HUSACA ou au PAM.
Je vous assure que le Gouvernement est engagé sur l’amélioration des conditions de travail du secteur agricole, à savoir des semences de maïs, de haricots et à haut rendement ; des aménagements de terroirs pour emblaver de grandes surfaces, produire plus et vendre plus ; construire des entrepôts pour le stockage de graines et les vendre toute l’année.

Je demande aux experts du Ministère de l’Agriculture et aux gestionnaires des projets que nous lançons aujourd’hui de conjuguer leurs efforts en vue d’obtenir un impact conséquent et satisfaisant de nos actions.

Je ne doute pas de vos capacités à surmonter les difficultés qui pourront surgir pour mener ces projets à terme, dans l’intérêt des principaux bénéficiaires que sont nos compatriotes des zones couvertes par lesdits projets.

Laborieuses populations de Yaloké ;

Je ne saurais clore mon propos sans vous entretenir sur deux sujets importants d’actualité de notre pays. Il s’agit de la pandémie de la maladie à nouveau coronavirus, encore appelé COVID-19 et le processus électoral.

En cette période de pandémie du COVID-19, j’en appelle à votre sens de responsabilité individuelle pour vous protéger et protéger les autres en portant les masques et surtout en appliquant les mesures barrières, à savoir :
– le lavage des mains avec du savon;
– le respect de la distanciation sociale d’au moins 1 mètre ;
– le port obligatoire de masques dans les lieux publics pour empêcher la transmission du virus.

Je vous rappelle qu’il n’y a aucun vaccin, aucun médicament contre le Covid-19, à l’heure actuelle.

Enfin, Je voudrais aussi vous entretenir sur le processus électoral en cours.

Comme vous le savez, le 27 décembre 2020s, nous irons aux élections présidentielle et législatives que nous souhaitons tous transparentes et démocratiques sur l’ensemble du territoire.

Le plus souvent, des personnes malintentionnées utilisent ces moments pour accomplir ses œuvres déstabilisatrices en semant dans les cœurs des esprits faibles les graines de la haine, de la violence, de la division et de la destruction.

Je vous exhorte à ce ne céder ni aux calomnies, ni à la médisance, ni à la démagogie, ni aux invectives de ceux qui veulent replonger le pays dans le chaos pour satisfaire leurs intérêts égoïstes.

Je vous exhorte à aller vous inscrire massivement sur la liste électorale pour vous permettre de choisir librement vos dirigeants.

Sur ce, je déclare lancés les projets agricoles.

Je vous remercie.